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lundi 26 mars 2012

Paris 8 IEE thème

Here is the text for this week's class at 3pm on Wednesday. Please note that this week's class will be the LAST of the semester.

J’approchais de Positano lorsqu’un bruit de roues, formant basse à un chant bizarre, me fit tout à coup retourner. Et d’abord je ne pus rien voir, à cause d’un tournant de la route qui borde en cet endroit la falaise ; puis brusquement une voiture surgit, à l’allure désordonnée ; c’était celle de Marceline. Le cocher chantait à tue-tête, faisait de grands gestes, se dressait debout sur son siège, fouettait férocement le cheval affolé. Quelle brute ! Il passa devant moi qui n’eus que le temps de me ranger, n’arrêta pas à mon appel… Je m’élançai ; mais la voiture allait trop vite. Je tremblais à la fois et d’en voir sauter brusquement Marceline, et de l’y voir rester ; un sursaut du cheval pouvait la précipiter dans la mer… Soudain le cheval s’abat. Marceline descend, veut fuir ; mais déjà je suis auprès d’elle. Le cocher, sitôt qu’il me voit, m’accueille avec d’horribles jurons. J’étais furieux contre cet homme ; à sa première insulte je m’élançai et brutalement le jetai bas de son siège. Je roulai par terre avec lui, mais ne perdis pas l’avantage ; il semblait étourdi par sa chute, et bientôt le fut plus encore par un coup de poing que je lui allongeai en plein visage quand je vis qu’il voulait me mordre. Pourtant je ne le lâchai point, pesant du genou sur sa poitrine et tâchant de maîtriser ses bras. Je regardai sa figure hideuse que mon poing venait d’enlaidir davantage ; il crachait, bavait, saignait, jurait, ah ! l’horrible être ! Vrai ! l’étrangler paraissait légitime – et peut-être l’eussé-je fait… du moins je m’en sentis capable ; et je crois bien que seule l’idée de la police m’arrêta.
Je parvins, non sans peine, à ligoter solidement l’enragé. Comme un sac je le jetai dans la voiture.
Ah ! quels regards après, et quels baisers nous échangeâmes. Le danger n’avait pas été grand ; mais j’avais dû montrer ma force, et cela pour la protéger. Il m’avait aussitôt semblé que je pourrais donner ma vie pour elle… et la donner toute avec joie… Le cheval s’était relevé. Laissant le fond de la voiture à l’ivrogne, nous montâmes sur le siège tous deux, et, conduisant tant bien que mal, pûmes gagner Positano…

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